Vieillir sans renoncer à sa sexualité

Sexualité des seniors : une vitalité à redécouvrir
Le vieillissement est un processus complexe, lent et progressif impliquant divers facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. On pense souvent, à tort, qu’à partir d’un certain âge la sexualité s’arrête. En réalité, vieillir n’entraine pas la fin des relations sexuelles, mais fait apparaitre de nouveaux enjeux qui demandent parfois de s’adapter et de repenser ses pratiques.
Briser les idées reçues sur la vie sexuelle après 50 ans
La perception de ce vieillissement se fait sur deux axes :
- le constat des différents changements et défaillances du corps,
- le ressenti sur ce que l’autre nous renvoie : société, entourage, partenaire etc.
Bien vieillir, c’est aussi bien vivre : pour 45 % des personnes âgées « être bien dans leur relation de couple » est un facteur important pour le bonheur, pour 41 % il s’agit de « se faire plaisir » dont 79 % le relie au fait de faire l’amour*.
Il est alors essentiel de se départir des nombreux stéréotypes qui pèsent sur la sexualité des séniors comme le désintérêt total, l’absence de désir ou bien l’incapacité à avoir des rapports sexuels.
Quand les corps changent, les pratiques s’adaptent
Plusieurs modifications physiologiques peuvent apparaitre avec l’âge et impacter la sexualité :
- la ménopause avec l’arrêt du fonctionnement ovarien peut impacter la phase d’excitation impliquant une diminution et une apparition plus lente de la lubrification ainsi que des sécheresses ou des douleurs à la pénétration,
- le déficit androgénique lié à l’âge (DALA) ou andropause, pas systématique, se manifestant par une diminution progressive du taux de testostérone ce qui signifie des érections moins efficaces en quantité et en qualité, des éjaculations plus longues à survenir, des écoulements et une période réfractaire qui augmente.
Mais également, les maladies chroniques peuvent survenir et perturber la sexualité des personnes, provoquant divers troubles sexuels. Les maladies cardiovasculaires telles que l’hypertension artérielle ou l’insuffisance cardiaque tout comme le diabète ou encore le fait de vivre avec le VIH, peuvent entrainer des troubles comme une dysfonction érectile, une diminution du désir mais aussi des troubles de l’éjaculation et de l’orgasme.
Ces changements peuvent fragiliser l’estime de soi et générer anxiété ou dépression. L’évolution du corps lors de ces étapes de vie nécessite de se familiariser avec lui. Elle implique un nouvel apprentissage, un nouveau regard et un temps d’adaptation. Il est donc essentiel d’adapter ses pratiques et ses relations : prolonger les préliminaires et les caresses, développer des pratiques non pénétratives si il y a des sécheresses, utiliser des coussins lors de certaines positions etc.
Des solutions pour mieux s’adapter
Les solutions peuvent être « médicamenteuses » avec :
- la prescription d’hydratants vaginaux pour pallier les sécheresses,
- des traitements hormonaux pour compenser les carences,
- des thérapeutiques orales (type viagra) pour retrouver une érection.
Ces solutions peuvent également être « sexothérapeutiques » avec :
- l’apprentissage de nouvelles formes d’actions sexuelles (décrites plus haut),
- le dépassement des gênes (image de son corps, lâcher-prise, moins d’angoisse de performance, de stress autour de l’érection etc.),
- le repérage des difficultés de l’autre,
- le travail sur la correction et la gestion de certains comportements (hypercontrôle, rapport centrés sur la pénétration, anxiété de performance, etc.).
L’essentiel est de trouver un espace pour en parler et être orienté au mieux vers le ou la professionnelle adaptée.
La sexualité des séniors est encore très invisibilisée. Pourtant elle peut, comme à tout âge, être synonyme de désir, de plaisir et de tendresse. Il ne s’agit pas de faire forcément « comme d’habitude », mais plutôt de réinventer une intimité à son rythme, en accord avec ses envies. La sexualité a autant de formes qu’il existe de façons d’aimer. Et il est important de rappeler que quel que soit l’âge, personne ne doit être ou se sentir obligé(e) d’avoir des relations sexuelles.