Éducation sexuelle ou éducation aux sexualités ?
L’éducation sexuelle à l’école : quels enjeux ?
Avez-vous eu des cours d’éducation sexuelle au collège ou au lycée ? Si oui, ces cours étaient en général dispensés par le professeur de SVT, et probablement sous l’angle de ce qu’on appelle la sexualité reproductive. Dans cette approche, la sexualité est réduite à répondre à la question « comment on fait des bébés« … ou pas, quand la question de la contraception est abordée. Le plaisir est rarement abordé dans cette éducation qui reste très sélective, tant pour les femmes puisque le clitoris est le grand absent, que pour les hommes chez qui seul le pénis est valorisé.
Depuis une circulaire de 2018, en école élémentaire, des cours doivent porter sur : l’égalité entre les garçons et les filles, la prévention des violences sexuelles et sexistes, la reproduction des êtres vivants, l’étude et le respect du corps, le respect de soi et des autres, la notion d’intimité et de vie privée, le droit à la sécurité et à la protection, les différences morphologiques, les changements du corps, notamment lors de la puberté.
Au collège et au lycée, ces mêmes questions doivent être abordées par un professeur de SVT ou de sciences médico-sociales (3 cours par an), avec en plus : les stéréotypes liés au genre et à l’orientation sexuelle, la contraception et la prévention des grossesses précoces ou non désirée, les infections sexuellement transmissibles, la pornographie et le cyberharcèlement.
En milieu scolaire, les professeurs peuvent être assistés par des intervenant-e-s extérieur-e-s issu-e-s d’une association agréée par l’Etat. Hors milieu scolaire, ces questions sont abordées diversement selon les compétences et les capacités des intervenants à aborder ce sujet mais également selon la latitude dont ils disposent pour le faire.
Le saviez-vous ? Les débuts de l’éducation sexuelle :
En 1914, Madeleine Pelletier, médecin, publie une brochure intitulée « L’éducation féministe des filles » où elle consacre quelques pages à l’éducation sexuelle mais « personne ne sait au juste qui doit se charger de cette éducation, ni quel contenu lui donner ».
En 1973, la “circulaire Fontanet” représente le 1er texte cadrant cette question dans le cadre de l’Education Nationale. Il aborde alors la question ainsi : “Il a longtemps été admis que les éducateurs devaient tenir les enfants à l’écart des problèmes de l’âge adulte, et plus spécialement à l’égard de ceux qui concernent la sexualité. Mais les fables racontées aux plus petits et le silence opposé aux plus grands paraissent aujourd’hui chargées d’inconvénients très lourds, du double point de vue de l’évolution psychologique et de la relation de l’adolescent à l’adulte. Ils sont devenus inacceptables du fait de la civilisation ambiante, de l’évolution des modes de vie, du recrutement mixte des établissements.”
L’éducation 2.0 sous le feu des projecteurs
A propos de pornographie justement, d’aucuns pensent que désormais l’éducation sexuelle se fait sur les sites pornos, donc très mal. Si la grande majorité des films et vidéos porno ont une vision violente et misogyne de la sexualité, il s’avère important de contrebalancer ces images sur leur propre terrain.
D’où la multiplication sur les réseaux sociaux de comptes plus féministes ou inclusifs, faisant la promotion d’une éducation à la sexualité, et non plus seulement d’une éducation sexuelle purement biologique. Les youtubeur-euses ou instagrammeur-euses donnent ainsi une vision plus large de la sexualité, en abordant des sujets tels que les violences ou le consentement de façon moins académique et plus nuancée.
En s’adressant directement à leur public, il-elles peuvent ouvrir le dialogue par le biais des commentaires, à condition de bien cadrer et modérer les échanges. Ce qui n’est pas toujours le cas lorsqu’une personne se met, par exemple, à avoir des propos discriminants à l’égard des personnes LGBT+.