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Dossier Chemsex : Le sexe sous produits

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« J’ai commencé à faire des plans chems en allant sur une appli de rencontre… aujourd’hui je peux aller jusqu’à trois jours non-stop de chemsex, c’est pas évident après d’enchainer avec la semaine de boulot »

Alex

26 ans, Lyon

Qu’est-ce que le chemsex ?

Vous avez peut-être déjà entendu parler du chemsex, un terme qui résulte de la combinaison des mots « chemicals » (produits chimiques) et « sex« . Il désigne l’utilisation de substances psychoactives dans un contexte sexuel, principalement au sein de la communauté des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH), lors de sessions de sexe souvent réalisées en groupe. Pendant ces rencontres, qui peuvent s’étendre sur plusieurs heures voire plusieurs jours, les participants consomment diverses substances psychoactives, telles que des cathinones, du GHB/GBL, de la cocaïne et de l’alcool. On utilise le terme de chemsex pour décrire ces pratiques spécifiques dans la communauté HSH, tandis que l’expression « érotisation de l’usage de drogue » est utilisée lorsque ces pratiques ont lieu en dehors de ce groupe. Le chemsex est défini par des éléments culturels propres à cette communauté, tels que l’utilisation d’applications comme Grindr, des pratiques sexuelles particulières comme le fistfucking, ainsi que des tenues sexuelles spécifiques comme le harnais et le jockstrap. De plus, des facteurs sociaux donnent du sens à ces pratiques, notamment la séropositivité, l’homophobie, le culte du corps et de la performance. L’ensemble de ces éléments constitue une pratique communautaire regroupée sous le terme de chemsex. Il est important de noter que toute personne peut consommer des drogues dans le but d’avoir des rapports sexuels, mais cela ne correspondra pas nécessairement au contexte décrit précédemment, même si les risques peuvent se chevaucher.

Le sexe sous produits : Mais encore ? 

La sexualité incluant des psychotropes ne date pas d’aujourd’hui. Elle a toujours fait partie des pratiques humaines depuis l’Antiquité. Toutefois les produits actuels présentent des effets qui peuvent tendre à plus de danger qu’auparavant.

Les effets recherchés concernent souvent la désinhibition et l’endurance sexuelle, ainsi que la démultiplication des sensations, souvent mises en avant dans nos sociétés. Les consommateurs vont donc s’orienter vers des produits permettant d’être plus à l’aise lors de relations sexuelles, avec des produits permettant de faire durer ou d’enchaîner les rapports.

Le chemsex s’est beaucoup répandu dans la communauté gay, dont la sexualité est souvent pointée du doigt et jugée comme « anormale ». Le produit vient donc, ici, permettre une certaine désinhibition sexuelle lors de rapports. Ces produits entraînent une plus grande endurance ainsi qu’un « lâcher prise » permettant d’avoir des pratiques qu’on n’aurait pas l’habitude d’avoir.

Les produits les plus utilisés sont :

  • Les Cathinones: Nouveau Produit de Synthèse (NPS) reprenant la molécule psychoactive des feuilles de Kath, plante de l’est et du sud de l’Afrique. Les cathinones sont une famille de produit incluant la 4-MMC, la 3-MMC etc. et se présente sous forme de poudre blanche que l’on consomme par sniff, plug, par voie orale ou par injection. Ses effets sont comparables aux amphétamines, c’est-à-dire qu’ils vont accélérer le rythme cardiaque et donner un effet de vivacité et d’euphorie. S’ajoute à cela l’effet empathogène, qui excite et désinhibe. En revanche, les cathinones provoquent une forte dépendance accompagnée souvent d’un craving*
  • Le GHB/GBL:  Souvent appelé « drogue du violeur », le GHB est majoritairement consommé de manière récréative. Le GHB/GBL se présente sous forme de poudre (rarement) ou sous forme de liquide visqueux incolore qu’il faut diluer dans un autre liquide. Ses effets sont très empathogènes et sont souvent comparés aux effets d’ivresse que l’alcool peut produire. Le GHB/GBL se dose au ml près et 1ml de trop peut vous mettre dans des états d’inconscience pouvant entraîner des arrêts respiratoires, surtout s’il y a mélange avec d’autres substances (L’ALCOOL EST A BANNIR AVEC LE GHB/GBL).
  • La Cocaïne: On ne la présente plus. La cocaïne est la synthétisation de la molécule psychoactive des feuilles de coca, originaire d’Amérique du Sud. Elle se présente sous forme de poudre et est majoritairement consommée par sniff. Ses effets se caractérisent par une forte stimulation physique, intellectuelle et sensitive avec un sentiment de toute puissance et de grande sociabilité. La cocaïne est addictive (et coûteuse), pouvant entraîner sur le long terme des problèmes variés. Elle peut aussi, à forte dose, provoquer des arrêts cardiaques.
  • Tina ou Crystal Meth : La crystal meth, également connue sous le nom de méthamphétamine cristalline, est une drogue de synthèse hautement addictive et puissante qui stimule le système nerveux central. Elle est fabriquée à partir d’ingrédients tels que la pseudoéphédrine, un décongestionnant nasal, et peut être fumée, injectée ou inhalée. La crystal meth provoque une sensation de forte euphorie, d’augmentation de l’énergie et de l’estime de soi, mais elle peut également provoquer des effets secondaires négatifs tels que l’anxiété, la paranoïa, l’insomnie, la perte d’appétit, la déshydratation, la perte de poids, la dépression, la psychose et des lésions cérébrales permanentes.
  • Le viagra : La plupart des produits cités ci-dessus provoquent des difficultés à l’érection ce qui entraîne les chemsexeur à faire usage de la fameuse pilule bleue.

Le Chemsex présente donc des risques, surtout à long terme si une accoutumance s’installe. Au-delà des risques liés à la consommation, le chemsex peut aussi prendre beaucoup de place dans la vie d’une personne. Ces débordements risquent ainsi d’empiéter sur les autres aspects de la vie tel que le travail, les amis, la famille, etc. Il est important dans un premier temps d’évaluer sa situation et d’éviter de s’enfermer dans sa bulle de conso. Il existe beaucoup de centres gratuits pouvant apporter leur aide sur vos consommations (CSAPA, CAARUD, le 190) et fournir des outils de réduction des risques.

A qui en parler ?

Nous sommes aussi, bien sûr, à votre écoute par chat, par mail ou par téléphone pour vos questions relatives à votre consommation en lien avec votre sexualité.

Drogues Info Service et Alcool Info Service sont des services où des professionnels peuvent vous répondre sur les questions d’addictions aux produits et à l’alcool.

Appelez le 15 ou le 112 en cas de d’urgence. Les professionnels de santé sont là pour soigner et non pour vous juger.

 

*Craving : Le craving est un terme utilisé en psychologie pour décrire un désir intense et persistant de consommer une substance ou de vivre une expérience agréable. Le craving est souvent associé à des envies incontrôlables et à une forte impulsion de consommer la substance ou de vivre l’expérience recherchée, même si cela peut avoir des conséquences négatives sur la santé ou la vie quotidienne de la personne.