Asexualité : l’amour sans sexe
La libération sexuelle et les combats LGBTQ+ ont permis de mettre en avant les diverses formes de sexualités toutes aussi légitimes les unes que les autres. L’asexualité, pour sa part, regroupe une multitude de vécu plus ou moins différents mais ayant pour point commun une absence de désir sexuel.
Psychiatrisation des sexualités et asexualité
La psychiatrie s’est très souvent emparée des questions de sexualités avec, par exemple, le très célèbre Psychopathia Sexualis de Richard Von Krafft-Ebing paru en 1886. Ce texte faisait l’état des lieux de toutes les paraphilies, c’est-à-dire, globalement, ce qui correspondait à tout ce qui n’était pas lié à l’hétérosexualité. Le masochisme et l’homosexualité, par exemple, était considérée comme des déviances, l’asexualité était même une catégorie entière de ce texte appelé « Anesthésie » (absence de libido). Bien évidemment, ce texte était bien plus moraliste que scientifique et venait justifier la différence entre le considéré normal et l’anormal.
Il est important de ne pas entretenir une pathologisation de cette orientation, comme l’a fait pendant longtemps l’APA (American Psychological Association) où l’on retrouve dans le DSM-3 (1980) le « Trouble de désir sexuel hypoactif » (ou frigidité). Plus tard, en 2013, l’APA corrigera sa position en ajoutant une variable qui reste la plus importante : le fait que cette absence de sexualité entraîne une souffrance chez la personne. Une absence de désir sexuel peut être lié à des pathologies telles que la dépression ou même à leur traitement. Mais cette absence est supposée temporaire comparée à l’asexualité qui est continue.
Relations sans sexe
L’asexualité est une sexualité qui désigne des personnes ayant peu ou pas d’attirances sexuelles envers une autre personne ni/ou pour elle-même. On dit souvent que le sexe est le ciment du couple et les pressions sociétales sont fortes autour de cette idée. La sexualité est partout, très encouragée, tout en étant extrêmement moralisée et réglementée. Tout est fait pour punir ce qui est considéré comme hors norme et l’asexualité est sujette à beaucoup de jugement. Par exemple en France, les personnes peuvent demander un divorce pour faute en cas de « mariage non consommé ». Pour les personnes asexuelles, le désir amoureux est bien présent, il n’est juste pas accompagné d’un désir sexuel, ce qui ne retire en rien tout l’amour qu’ils et elles peuvent ressentir. Les personnes asexuelles sont tout à fait épanouies dans une vie affective sans sexualité, cela n’empêche en rien le partage et les gestes d’affection et leurs témoignages permettent de mieux comprendre cette orientation.
L’asexualité est une orientation légitime, ne provoquant aucune souffrance pour la personne asexuelle qui reste malgré tout exposée à une certaine pression à la sexualité de la part des normes et de la morale.
Pour aller un peu plus loin sur le sujet, nous vous conseillons l’article de Camille Cotais « L’asexualité : une orientation sexuelle toujours méconnue et pathologisée. ».