Addictions sexuelles : quand la sexualité devient souffrance
Dans notre société actuelle, la sexualité a une place centrale, et par moment cette sexualité peut poser problème. Ces dernières années, de nombreux témoignages émergent concernant les addictions sexuelles, éveillant la curiosité des professionnels de santé, des chercheurs mais aussi du grand public. C’est un phénomène encore peu connu et souvent mal vu. L’addiction sexuelle se définie par une préoccupation excessive pour certaines activités sexuelles à tel point que la personne en perd le contrôle.
Qu’est-ce que l’addiction sexuelle ?
L’addiction sexuelle, également appelée trouble de l’hypersexualité, se manifeste par la perte de contrôle sur la sexualité et la poursuite du comportement problématique malgré la connaissance des conséquences négatives sur sa santé, son cercle social et professionnel. Comme de nombreuses dépendances, elle s’accompagne très souvent de souffrance, de sentiment de honte et de culpabilité surpassant le bénéfice ressenti par la personne.
Les causes et facteurs de risque
Les causes de l’addiction sexuelle sont nombreuses et, par moment, difficile à évaluer. On va retrouver de multiples facteurs, tels que :
- Des facteurs biologiques, comme des déséquilibres hormonaux ou des variations neurobiologiques,
- Des facteurs psychologiques, comme, de manière parfois paradoxale, des antécédents de traumatismes, de violences sexuelles, ou autres expériences négatives liées à la sexualité, l’addiction devient alors un moyen de compenser à travers un système de récompense et une satisfaction via des comportements compulsifs,
- Des facteurs environnementaux, la société actuelle propose une très bonne accessibilité aux contenus sexuels en ligne et engage également une pression autour de la performance et de ce que doit être une « bonne vie sexuelle ».
- Une ou plusieurs addictions déjà présentes
Diagnostic et traitement
Le diagnostic d’une addiction sexuelle n’est pas toujours simple notamment parce que la sexualité ainsi que ses normes varient beaucoup d’une personne à un autre. A ce jour, 22 instruments diagnostics sont répertoriés dans la littérature internationale. Dans la pratique clinique en France, on retrouve le test de dépistage de CARNES (TDAS, PEACCE) et les critères de l’addiction comportementale de Goodman. On évalue donc le parcours sexuel et le parcours de la conduite addictive, les dommages psychologiques et physiques, les dommages affectifs, familiaux, sociaux, professionnels, financiers et judiciaires.
Concernant la prise en charge, il y a plusieurs possibilités telles que les psychothérapies, qu’elles soient individuelles où en groupe. Des traitements médicamenteux sont possibles lorsqu’il y a une dépression ou une forte anxiété associée. L’addiction est la partie émergée de l’iceberg, et en dessous on retrouver des facteurs de vulnérabilité qui faut prendre en compte pour notamment éviter la rechute.
Vers une société plus compréhensive
Il est important de parler de ce sujet afin de briser le tabou et la stigmatisation qui y est associé. Les addictions sexuelles sont très fréquemment associées à de la souffrance ainsi qu’à un sentiment de honte, rendant très difficile la parole pour la personne concernée et motivant un phénomène d’isolement. La personne peut alors se sentir très seule et se réfugier dans la consommation de substances telles que des médicaments où des drogues dans le but d’apaiser sa souffrance. Il est important de comprendre qu’une motivation au changement accompagnée d’une prise de conscience de la situation est essentielle pour une bonne prise en charge. D’autre part, un accompagnement par des professionnels de santé bienveillant, formés et compréhensifs est essentiel.
L’addiction sexuelle est un sujet complexe qui nécessite une attention particulière tant de la part des professionnels de la santé que de la société dans son ensemble. En continuant à éduquer et à sensibiliser, nous pouvons espérer mieux comprendre et traiter ce trouble, offrant ainsi un meilleur soutien à ceux qui en souffrent.