8 Mars : l’inégalité des genres toujours d’actualité

« Il ne voulait pas utiliser de préservatif, je n’ai pas pu dire non et je me suis laissée emporter. C’est comme si je l’avais laissé se servir de mon corps. »
F – 20 ans
Le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, c’est l’occasion de faire le point sur les inégalités entre les hommes et les femmes et de faire le bilan de notre société à travers le prisme de la place des femmes. Des inégalités juridiques, économiques, sociétales, culturelles persistent aujourd’hui et montrent que la recherche de l’équité a avancé mais qu’elle est encore une lutte et un combat loin d’être terminé.
Pour cette journée, nous avons choisi de vous partager un témoignage qui concerne une jeune femme et ses difficultés à pouvoir faire entendre le non pendant un rapport sexuel. En ce 8 mars, il nous semble que ce témoignage permet de mettre en lumière l’inégalité structurelle qui persiste entre les hommes et les femmes, notamment dans la sphère affective et sexuelle.
Cette jeune femme de 20 ans a sollicité notre service concernant l’inquiétude et le stress qu’elle ressentait suite à un rapport sexuel non protégé avec un partenaire occasionnel. Au moment de la pénétration, son partenaire a insisté pour ne pas avoir à mettre de préservatif en disant que tout était bon pour lui, qu’il avait fait des dépistages et qu’elle s’inquiétait pour rien. Comme elle nous l’explique, pour elle, il est très important d’avoir des rapports protégés quand elle ne connait pas son partenaire, ça lui permet de se sentir protégée, de mettre une barrière, de ne pas avoir la sensation d’être totalement « mise à nue » devant l’autre et de garder le contrôle. Face à l’insistance de son partenaire, comme elle l’explique, « sur le coup je n’avais plus d’argument à lui opposer alors je l’ai laissé faire ».
Nous passerons sur les conséquences que ce rapport a eu sur elle, la peur d’une grossesse non désirée, la peur de la transmission d’une IST virale ou bactérienne, le sentiment d’abus, de soumission, d’injustice. Nous retiendrons aujourd’hui ce constat : elle ne s’est pas sentie suffisamment affirmée et forte pour réussir à s’opposer et maintenir ses propres limites.
Des témoignages comme celui-là, nous en entendons beaucoup. Il arrive que cela soit de la part des hommes, notamment d’hommes gays. Mais dans une écrasante majorité les témoignages que nous entendons sur la difficulté à dire non, à être entendue et respectée, nous l’entendons de la part des femmes. La sexualité qui n’est censé être, ni un débat, ni un combat, ni une négociation se révèle être le lieu par excellence dans lequel le patriarcat se donne à voir.
Ces témoignages révèlent et montrent jour après jour les conséquences de cette violence systémique dans une société patriarcale comme la nôtre. Une société dans laquelle il est apparemment plus coûteux de s’opposer et de dire non que d’accepter de subir quelque chose qui déplait. Une société dans laquelle l’homme et la femme ne sont pas sur même pied d’égalité, une société ou la domination masculine modèle les caractères et les comportements de tous et toutes, enfermant les femmes dans une posture de soumission et d’infériorité et les hommes dans une position de dominant.
Face à cet état de fait il pourrait être tentant de céder au fatalisme, au découragement, à l’écœurement. Mais il nous semble essentiel de continuer à étudier et analyser notre mode de société, de continuer à revendiquer et à manifester pour des droits équitables et pour la parité, de compter sur l’éducation et la pédagogie pour amorcer un changement des comportements et une transformation de nos rapports humains. Et puis, et cela nous concerne nous directement dans le cadre de Sexualité Info Santé, d’accompagner, d’écouter, de soutenir les femmes qui nous sollicitent et nous font part de leurs peurs, de leur tristesse, et de leur colère, pour leur montrer qu’elles ne sont pas isolées.
C’est ce que la journée du 8 mars nous rappelle et c’est ce que nous devrions nous rappeler tous les jours.
Les écoutant.es de Sexualité Info Santé sont là pour aborder ces thématiques, par e-mail ou par livechat 7 jours sur 7 de 9h à 22h.
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